L’INR (International Normalized Ratio) : comprendre ce marqueur sanguin

29/05/2025
Dr Ambre Tiepolo

Votre bilan sanguin vient d’arriver et un sigle a attiré votre attention : l’INR. Face à un terme médical, il est naturel de vouloir en comprendre la signification et la portée.
Cet article a pour objectif de vous éclairer sur l’INR (International Normalized Ratio). Après sa lecture, vous disposerez des informations essentielles pour mieux comprendre ce paramètre, dialoguer avec votre médecin et aborder vos résultats d’analyse avec plus de sérénité

Qu’est-ce que l’INR ?

L’INR (International Normalized Ratio) est un paramètre sanguin fondamental. Il évalue la coagulation de votre sang. Ce biomarqueur standardisé mesure le temps que met votre sang à former un caillot.

Le rôle du foie et des facteurs de coagulation

Votre foie produit naturellement plusieurs protéines. On les appelle facteurs de coagulation. Ensemble, ils orchestrent le processus complexe de la coagulation sanguine. Lorsqu’une lésion survient dans un vaisseau sanguin, ces facteurs s’activent. Ils agissent en cascade pour former un réseau de fibrine. La fibrine est une protéine fibreuse qui capture les plaquettes sanguines. Ce réseau ressemble à un filet de pêche. Il attrape différents éléments pour colmater la brèche vasculaire.

Comment mesure-t-on l’INR ?

La mesure de l’INR s’effectue à partir d’un prélèvement veineux. Il est généralement réalisé au pli du coude. Au laboratoire, un réactif standard est ajouté à l’échantillon de plasma. Cela déclenche artificiellement la coagulation. Le temps nécessaire à la formation du caillot est ensuite comparé à une norme internationale. D’où le nom « International Normalized Ratio ».

Un besoin de standardisation historique

La découverte du principe de l’INR (International Normalized Ratio) remonte aux années 1980. Les scientifiques cherchaient alors à standardiser les tests de coagulation. L’objectif était d’harmoniser les résultats entre différents laboratoires dans le monde. Avant cette standardisation, chaque laboratoire utilisait ses propres méthodes et réactifs. Les comparaisons entre établissements étaient donc quasiment impossibles. Cette avancée a révolutionné la prise en charge des patients sous anticoagulants. Elle a permis un suivi précis et cohérent, quelle que soit la structure médicale.

Pourquoi est-il important de comprendre l’INR ?

Les médecins prescrivent ce test principalement dans deux contextes. D’abord, pour surveiller l’efficacité d’un traitement anticoagulant. C’est notamment le cas des antivitamines K comme la warfarine. Ensuite, pour évaluer la fonction hépatique, car le foie synthétise les facteurs de coagulation.

Les risques d’un INR déséquilibré

Pour les patients traités par avk ou presentant un déficit en facteur de coagulation

Dans ce cadre, comprendre votre valeur d’INR (International Normalized Ratio) est très important. Ce paramètre est lié à un mécanisme vital de votre organisme. En effet, l’équilibre de la coagulation permet au sang d’être suffisamment fluide pour vasculariser les organes, sans risque de provoquer des hémorragies.


En France, une part de la population reçoit un traitement anticoagulant oral. Il est crucial de distinguer deux principales classes de ces médicaments : les antivitamines K (AVK) et les anticoagulants oraux directs (AOD). Seuls les patients traités par AVK nécessitent un suivi régulier et étroit de l’INR (International Normalized Ratio) pour ajuster leur traitement. Les AOD, dont l’usage est de plus en plus courant en 2025 et qui représentent la majorité des prescriptions d’anticoagulants oraux n’impliquent généralement pas ce type de surveillance INR.


Une anomalie non détectée de l’INR (International Normalized Ratio) peut entraîner des conséquences graves. Par exemple, un INR trop bas chez un patient nécessitant une anticoagulation efficace multiplie par cinq le risque d’événement thromboembolique. Un accident vasculaire cérébral peut en résulter. À l’inverse, un INR (International Normalized Ratio) excessivement élevé augmente significativement le risque hémorragique. On note une augmentation de 42% du risque de saignement pour chaque augmentation d’une unité d’INR au-delà de la cible.


Chez les patients sous AVK, il a été observé qu’une proportion significative peut présenter des valeurs d’INR hors de leur cible thérapeutique sur une période donnée, ce qui souligne l’importance d’une surveillance attentive et personnalisée pour cette catégorie spécifique de patients. »

Lors d’une insuffisance hépatique

Lors de la découverte ou du suivi d’une insuffisance hépatique, l’INR reflète la capacité du foie à produire des facteurs de la coagulation. Il est donc utilisé pour classer la sévérité de l’insuffisance hépatique. Dans ce contexte, l’INR n’est pas associé à un risque hémorragique.

Comment lire et comprendre vos analyses d’INR

Lorsque vous recevez vos résultats, vous voyez un document structuré. Il présente le nom du test, votre valeur, et les valeurs de référence. Parfois, des symboles ou codes couleurs y figurent.

Interpréter les indications du laboratoire

Imaginons que votre résultat d’INR soit de 2,8. Les valeurs de référence habituelles sont entre 0,8 et 1,2. Un code couleur rouge et des flèches vers le haut peuvent apparaître. Cela indique une valeur supérieure à la norme. Cependant, ne vous alarmez pas immédiatement. Si vous suivez un traitement anticoagulant, cette élévation est souvent intentionnelle. Elle correspond à votre cible thérapeutique personnalisée.

Les laboratoires établissent leurs valeurs de référence pour l’International Normalized Ratio en testant des personnes en bonne santé. Ces personnes ne prennent pas de traitement influençant la coagulation. Pour elles, l’INR se situe normalement entre 0,8 et 1,2.

Votre cible thérapeutique personnalisée

En revanche, si vous êtes sous traitement anticoagulant, votre médecin fixe une « cible thérapeutique ». Elle est généralement comprise entre 2 et 4,5 selon votre pathologie. Cette cible ne figure pas sur le document du laboratoire. Elle est inscrite dans votre carnet de suivi d’anticoagulant.

Astuce rapide pour interpréter votre INR

Voici une méthode simple :

  1. Prenez-vous un traitement anticoagulant (antivitamine K) ?
  2. Si non : votre INR devrait être proche de 1.
  3. Si oui : comparez votre résultat à votre cible thérapeutique.
  4. Notez l’évolution par rapport aux mesures précédentes.
  5. Identifiez les changements récents (alimentation, médication) qui pourraient expliquer une variation.

Mini-checklist pour votre INR

  • Mon INR est-il dans ma zone cible personnelle ?
  • Y a-t-il une tendance à la hausse ou à la baisse sur les dernières mesures ?
  • Ai-je récemment changé mon alimentation (aliments riches en vitamine K comme choux, épinards) ?
  • Ai-je commencé ou arrêté un médicament interagissant avec mon traitement ?
  • Ai-je des symptômes inhabituels (saignements, ecchymoses) ?

Les pathologies liées aux variations de l’INR

Il faut distinguer deux types de patients: les patients non traités par anticoagulants de type antivitamine K (AVK) et les patients traités par AVK.

1) Concernant les patients non traités par AVK

a) Causes d’un INR élevé:

– Une Insuffisance hépatique

Une élévation de l’INR est un indicateur sensible de dysfonction hépatique. Le foie est une véritable usine biochimique. Il synthétise la majorité des facteurs de coagulation. Lorsque les cellules hépatiques sont endommagées, cette production diminue. Cela allonge le temps de coagulation et augmente l’INR. Face à un INR élevé d’origine hépatique, votre médecin demandera d’autres tests. Il s’agit souvent des transaminases (ASAT, ALAT), de la bilirubine ou de l’albumine.

– Une carence en vitamine K

La vitamine K joue un rôle fondamental dans l’activation de plusieurs facteurs de coagulation. Une carence en cette vitamine perturbe le processus. Elle empêche la y-carboxylation des facteurs II, VII, IX et X. Cette carence se manifeste par un INR élevé. Elle peut survenir en cas de malnutrition sévère ou de troubles de l’absorption intestinale. Une antibiothérapie prolongée altérant la flore intestinale est une autre cause. Les nouveau-nés peuvent aussi être concernés. Les tests complémentaires incluent un dosage de la vitamine K et une évaluation nutritionnelle.

– Un déficit constitutionnel en un facteur de la coagulation exploré par l’INR

L’INR explore la voie dite extrinsèque de la coagulation, c’est à dire les facteurs I, II, V, VII et X. Un déficit en un de ses facteurs aura donc un impact sur le calcul de votre INR qui se retrouvera augmenté. Cliniquement, les patients atteints d’un déficit en facteur de la coagulation peuvent présenter des troubles hémorragiques dans des proportions variables (ecchymoses, saignement de nez ou des gencives, saignements gynécologiques importants ou hémorragies inhabituelles au cours d’interventions chirurgicales…).

– Une coagulation intravasculaire disséminée (CIVD)

Cette condition grave est un dérèglement massif de la coagulation. Le système s’active de façon inappropriée et excessive dans tout l’organisme. Paradoxalement, cette consommation excessive des facteurs de coagulation et des plaquettes aboutit à une tendance hémorragique. L’INR s’élève alors, souvent associé à une chute du taux de plaquettes et de fibrinogène. La CIVD se développe fréquemment lors de sepsis sévère, de traumatismes majeurs ou de complications obstétricales. Le diagnostic repose sur un ensemble de tests : TP, INR, TCA, numération plaquettaire, fibrinogène, D-dimères.

– Une consommation de facteurs de la coagulation lors d’un saignement actif ou récent

Lors d’une hémorragie, les facteurs de la coagulation s’activent les uns après les autres afin d’aboutir à la formation d’un caillot de fibrine et de plaquettes, permettant de boucher la brèche vasculaire et d’arrêter le saignement. On dit que les facteurs de la coagulation sont consommés. Si l’hémorragie est importante, beaucoup de facteurs de la coagulation seront consommés pour pouvoir arrêter le saignement. Leur taux circulant dans le plasma sera donc diminué le temps que le foie puisse en reproduire de nouveaux.

b) Cause d’un INR bas:

Chez une personne en bonne santé et ne prenant pas de traitement anticoagulant, un INR légèrement inférieur à la norme habituelle (par exemple, 0,7, la norme étant généralement entre 0,8 et 1,2) n’est que rarement le signe d’un état d’hypercoagulabilité cliniquement significatif et ne justifie généralement pas d’investigations poussées en l’absence d’autres signes cliniques ou d’antécédents spécifiques. L’INR n’est pas utilisé comme test de dépistage des syndromes d’hypercoagulabilité dans la population générale.

2) Concernant les patients traités par AVK

Les cibles de laboratoire 0,8 – 1,2 n’ont alors plus leur place. De nouvelles cibles sont définies par le médecin en fonction de la pathologie pour laquelle le patient reçoit des AVK.

a) Si le patient est au-dessus de sa cible

Chez les patients sous traitement anticoagulant par antivitamines K (AVK), un surdosage est une cause fréquente d’élévation de l’INR, augmentant le risque de saignement.

b) Si le patient est en-dessous de sa cible

Chez ces patients, un INR inférieur à leur zone cible thérapeutique personnalisée (par exemple, un INR à 1,5 alors que la cible est entre 2 et 3) signifie que le traitement anticoagulant est insuffisant (sous-dosage). Cette situation expose le patient à un risque accru de thrombose (formation de caillots), car la protection offerte par l’AVK n’est plus optimale. Il est alors impératif de contacter son médecin pour réévaluer le traitement.

Conseils pratiques pour la gestion de votre INR en cas de traitement par AVK

Un suivi optimal de votre INR est essentiel. Adaptez la fréquence de vos contrôles selon votre situation.

Calendrier de suivi de l’INR

Un suivi optimal de votre INR (International Normalized Ratio) est essentiel si vous êtes traité par antivitamines K (AVK). Adaptez la fréquence de vos contrôles selon votre situation et les recommandations de votre médecin. Ce calendrier ne s’applique pas aux patients sous anticoagulants oraux directs (AOD).

1) Pour un INR stable dans la cible thérapeutique (variation < 0,5)

  • Contrôles toutes les 4 à 6 semaines.
  • Auto-surveillance possible avec dispositifs homologués.
  • Consultations médicales trimestrielles pour réévaluation globale.

2) Pour un INR instable ou hors cible

  • Contrôles hebdomadaires jusqu’à stabilisation.
  • Consultation médicale après deux valeurs consécutives hors cible.
  • Journal alimentaire et médicamenteux détaillé pour identifier les facteurs de variation.

3) Pour un INR très élevé

Consultez immédiatement si :

Votre INR est significativement au-dessus de votre zone cible thérapeutique personnalisée.

Par exemple, s’il est supérieur à 4 alors que votre cible est entre 2 et 3, ou en cas d’augmentation rapide. Votre médecin évaluera la conduite à tenir, qui peut aller d’un simple saut de prise à un ajustement plus important du traitement, conformément aux recommandations en vigueur (comme celles de la Haute Autorité de Santé – HAS).

En cas de début de traitement ou changement de posologie

  • Contrôles tous les 2-3 jours la première semaine.
  • Puis 1-2 fois par semaine pendant un mois.
  • Retour progressif au calendrier standard une fois la stabilité atteinte.

Conseils nutritionnels pour équilibrer votre INR

Votre alimentation influence directement la stabilité de votre INR. C’est particulièrement vrai si vous prenez des antivitamines K (AVK). La clé n’est pas d’éviter certains aliments. Il faut maintenir une consommation régulière et équilibrée.

Aliments riches en vitamine K

Les aliments riches en vitamine K peuvent modifier l’efficacité de votre traitement. Consommez-les régulièrement mais sans excès :

  • Légumes verts à feuilles : épinards, chou frisé, brocoli, laitue.
  • Huiles végétales : huile de soja, huile de colza.
  • Certains fruits : avocats, kiwis, raisins.
  • Herbes aromatiques : persil, coriandre, basilic.

La constance est plus importante que la restriction. Si vous consommez habituellement des légumes verts, continuez. Faites-le cependant en quantités régulières. Un changement brusque (augmentation ou diminution) peut déséquilibrer votre INR.

Attention aux compléments alimentaires et produits naturels. Le millepertuis, le ginkgo biloba, l’ail en complément et le ginseng peuvent modifier significativement votre INR.

Adaptations du style de vie pour stabiliser l’INR

Différents profils nécessitent différentes approches. L’objectif est de maintenir un INR stable.

1) Pour les personnes actives

  • Maintenez une activité physique régulière. Évitez les changements brutaux d’intensité.
  • Évitez les sports de contact avec risque de traumatisme.
  • Hydratez-vous suffisamment, surtout pendant l’effort.
  • Informez vos partenaires sportifs de votre traitement anticoagulant.

2) Pour les seniors

  • Sécurisez votre environnement pour éviter les chutes.
  • Utilisez des rasoirs électriques plutôt que des lames.
  • Préférez les brosses à dents souples.
  • Planifiez des contrôles plus fréquents, surtout en cas de changement médicamenteux.

3) Pour les voyageurs

  • Emportez une quantité suffisante de médicaments pour tout le séjour.
  • Prévoyez une ordonnance en anglais avec le nom international du médicament.
  • Renseignez-vous sur les laboratoires disponibles à destination.
  • Adaptez votre calendrier de contrôle avant le départ.

Quand consulter un spécialiste au sujet de votre INR ?

Certaines situations nécessitent un avis médical rapide. D’autres peuvent simplement être surveillées.

Signes d’alerte nécessitant une consultation immédiate

Consultez immédiatement :

  • Dès que l’INR d’un patient traité par AVK est hors de sa cible thérapeutique, que ce soit trop haut ou trop bas
  • Si l’INR d’un patient non traité par AVK est supérieur à 1,5
  • Si un patient sous anticoagulant subit un traumatisme : la consultation est systématique pour un choc modéré à sévère, et nécessaire seulement en présence de signes anormaux après un choc mineur.

Situations justifiant une consultation planifiée

Planifiez une consultation si :

  • Votre INR reste hors cible malgré les ajustements pendant plus de deux contrôles.
  • Vous débutez ou arrêtez un nouveau médicament.
  • Vous envisagez une intervention chirurgicale ou dentaire.
  • Vous modifiez significativement votre régime alimentaire.

Cas relevant d’une simple surveillance

Une simple surveillance est recommandée si :

  • Votre INR varie légèrement mais reste dans la cible thérapeutique.
  • Vous avez une infection virale bénigne sans autre médicament.
  • Vous notez une variation modérée après un écart alimentaire ponctuel.

Astuces pour améliorer naturellement la stabilité de votre INR

Voici quelques stratégies efficaces. Elles aident à maintenir des valeurs d’INR plus stables.

  1. Établissez une routine alimentaire. Mangez à des heures régulières. Conservez des habitudes alimentaires constantes.
  2. Limitez votre consommation d’alcool. L’alcool peut augmenter l’effet des anticoagulants et majorer une insuffisance hépatique.
  3. Prenez votre traitement toujours à la même heure. Associez-le à une activité quotidienne (brossage des dents).
  4. Utilisez un pilulier. Il évite les oublis ou les doubles prises. C’est utile si vous prenez plusieurs médicaments.
  5. Tenez un journal de bord. Notez vos valeurs d’INR, vos prises médicamenteuses. Incluez tout changement alimentaire ou de mode de vie.
  6. Informez tous vos professionnels de santé. Médecins, dentistes, kinésithérapeutes et pharmaciens doivent connaître votre traitement.
  7. Portez une identification médicale. Un bracelet ou une carte indiquant votre traitement est utile en cas d’urgence.
  8. Évitez l’automédication. De nombreux médicaments en vente libre interagissent avec les anticoagulants ou ont une action sur le foie.

Questions fréquentes sur l’INR

Existe-t-il une différence entre l’INR mesuré au laboratoire et celui des appareils d’automesure ?

Oui, les appareils d’automesure utilisent une technologie différente. Ils mesurent sur sang capillaire. Les laboratoires mesurent sur plasma. Des études montrent une variation moyenne de $\pm0.3$ unité entre les deux. Cette différence est acceptable pour le suivi. Cependant, pour une décision critique, privilégiez la mesure de laboratoire. Elle reste la référence. Les dispositifs d’automesure nécessitent un étalonnage régulier. Une formation initiale est aussi requise.

Peut-on avoir un INR normal malgré un problème de coagulation ?

Non, l’INR ne cible pas les facteurs vitamine K dépendant.

Comment les médicaments antidouleur interagissent-ils avec mon INR ?

L’interaction varie selon l’antalgique. Il est important de différencier les médicaments qui peuvent modifier directement l’INR par action hépatique et ceux qui augmentent le risque de saignement par un autre mécanisme.

  • Le paracétamol : ce médicament n’augmente pas le risque hémorragique si vous êtes traités par AVK. En revanche, il a une toxicité hépatique. Son utilisation en cas d’insuffisance hépato-cellulaire doit faire l’objet d’un avis médical même si son administration à faibles doses (2 à 3g/jour) sur de courtes durées est souvent sans risque.
  • Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) : des médicaments comme l’ibuprofène ou l’aspirine ne modifient pas l’INR. Cependant, ils sont souvent déconseillés en association avec un traitement anticoagulant car ils augmentent le risque hémorragique, notamment en ayant une action directe sur la muqueuse de l’estomac. Ils sont aussi contre-indiqués en cas d’insuffisance hépatique en raison du risque accru d’évènements indésirables (hémorragies, insuffisance rénale…)
  • Les antalgiques opioïdes (codéine, tramadol) n’affectent pas directement l’INR, mais peuvent interagir avec la manière dont votre foie métabolise les AVK. Leur efficacité peuvent être diminuée en cas d’insuffisance hépatocellulaire et leurs effets indésirables augmentés. Leur prise doit être encadré par un avis médical et ’intervalle entre deux prises doit souvent être allongé.

Mon INR varie-t-il au cours de la journée ? Quel est le meilleur moment pour le prélèvement ?

Des variations circadiennes de l’INR existent. Elles restent cependant minimes, généralement inférieures à 0,2 unité. Une étude a montré que l’INR tend à être légèrement plus élevé le matin. La différence est d’environ 3-4% par rapport au soir. Pour un suivi optimal, réalisez vos prélèvements toujours au même moment. Idéalement, faites-le le matin à jeun. Cette standardisation minimise les variations liées au rythme circadien et à l’alimentation. Appliquez cette règle si vous utilisez un dispositif d’automesure.

Quelles sont les implications d’un INR fluctuant sur le risque cardiovasculaire à long terme ?

L’instabilité de l’International Normalized Ratio est un facteur de risque indépendant. Elle se caractérise par des fluctuations fréquentes hors de la zone thérapeutique cible. Une méta-analyse récente a porté sur plus de 80 000 patients. Elle a démontré qu’un « time in therapeutic range » (TTR) inférieur à 65% était associé à des risques accrus. Le risque d’événement thromboembolique augmentait de 44%. Celui de mortalité toutes causes confondues de 51%. Ces données soulignent l’importance d’un contrôle régulier. La stabilité de l’anticoagulation est cruciale. Les nouveaux anticoagulants oraux directs (AOD) peuvent être une alternative. Ils sont utiles pour les patients avec un INR chroniquement instable sous AVK.

Comment interpréter mon INR après une intervention chirurgicale ?

Le contexte post-opératoire modifie l’interprétation de l’INR. Après une chirurgie majeure, une élévation modérée de l’INR (jusqu’à 1,5-1,7) peut s’observer. Elle est due à la consommation des facteurs de coagulation. L’hémodilution liée aux perfusions joue aussi un rôle. Cette élévation se normalise généralement en 48-72 heures. Si votre traitement anticoagulant a été interrompu, sa reprise suit un protocole spécifique. Des doses progressives et un suivi rapproché sont nécessaires. Pour les porteurs de valve cardiaque mécanique, un relais par héparine est souvent institué. Cela dure jusqu’à atteindre un INR thérapeutique. L’interprétation post-opératoire nécessite l’expertise de vos chirurgien , anesthésiste et cardiologue.

Les compléments alimentaires à base de plantes peuvent-ils influencer mon INR ?

Oui, la phytothérapie peut significativement interférer. Le millepertuis diminue l’efficacité des AVK. Il peut réduire l’INR de 25% à 50%. À l’inverse, le ginkgo biloba, l’ail en forte concentration, la canneberge et le ginseng peuvent potentialiser l’effet anticoagulant. Ils augmentent l’INR. Une revue systématique a identifié plus de 38 plantes médicinales interagissant potentiellement avec la warfarine. Mentionnez systématiquement tout complément alimentaire à votre médecin. Cela inclut ceux considérés comme « naturels ». Évitez l’automédication phytothérapeutique sans avis médical.

Conclusion : l’INR, une boussole pour votre santé

L’International Normalized Ratio représente bien plus qu’un chiffre. Ce paramètre est une véritable boussole pour votre santé cardiovasculaire et hépatique. Il guide les décisions médicales. Il vous permet de prendre une part active dans votre prise en charge. Nous avons exploré sa signification biologique, avons vu les pathologies associées à ses variations et avons aussi détaillé les stratégies pratiques pour un équilibre optimal.

Retenez particulièrement que :

  • L’INR (International Normalized Ratio) mesure la capacité de votre sang à coaguler. Les valeurs cibles diffèrent selon votre situation.
  • Une surveillance régulière permet d’ajuster précisément votre traitement.
  • Votre alimentation, vos médicaments et votre mode de vie influencent sa stabilité.
  • En cas de malade hépatique, l’INR est un marqueur de gravité et de suivi d’insuffiance hépatique, c’est à dire de difficulté pour le foie de fabriquer des facteurs.
  • Des outils modernes facilitent le suivi personnalisé de vos résultats.

En médecine préventive, l’INR illustre l’évolution vers une approche personnalisée. Vous devenez un acteur éclairé de votre santé cardiovasculaire et hépatique. Les avancées technologiques sont prometteuses pour le suivi de l’anticoagulation. Des biocapteurs implantables pour une mesure continue de l’INR sont à l’étude. Des algorithmes d’IA prédisant les variations individuelles se développent. De nouvelles générations d’anticoagulants à ajustement automatique arrivent. Ces innovations transformeront cette surveillance.


Ressources complémentaires

Pour approfondir vos connaissances sur l’INR :

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